La fin de la culture traditionnelle de cannabis au Maroc

Extension des cultures depuis les années 1960 et bouleversements actuels

Pavillon Lionel Groulx, 3150 rue Jean-Brillant
Salle C-4141

Kenza Afsahi est post-doctorante au CICC et membre du Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques (CLERSÉ). Ses activités de recherche sont orientées vers l’étude de l’économie de la drogue et principalement celle des plantes à drogues dans le monde. Dans ses recherches, elle insiste notamment sur la dimension microlocale des activités illégales, le rôle des femmes dans celles-ci, la notion de risque et le rapport avec les autorités. Sa thèse, récemment soutenue à l’Université de Lille 1 (France), portait sur la culture de cannabis dans le Rif. Ses travaux accordent de l’importance au terrain et à l’utilisation de nouveaux outils méthodologiques comme la photographie et le cinéma documentaire

Résumé de la conférence : Le cannabis aurait été introduit au Maroc entre le VIIe siècle et le XIVe siècle lors des conquêtes arabes qui ont irrigué le nord de l’Afrique. Sa culture était confinée dans un espace restreint du Rif central, dans les alentours de Ketama. Elle ne concernait que cinq tribus et était vouée exclusivement à l’autoconsommation.

A partir des années 1960, la culture de cannabis s’est petit-à-petit étendue à de nouvelles tribus, puis de nouveaux villages, dans de nouvelles zones de culture. Pendant les années 1980 et 1990, la culture de cannabis s’est imposée comme l’une des cultures majoritaires du Rif. Des milliers de paysans ont abandonné leurs cultures traditionnelles légales en sa faveur. En 2003, elle concernait cinq provinces sur une étendue de 134 000 hectares.

Si l’extension des cultures a été largement encouragée par le sousdéveloppement de la région et l’augmentation de la demande de haschisch en Europe, cela n’explique pas une telle ampleur du phénomène. Comprendre comment, au niveau local, les cultivateurs s’organisent et entrent en interactions avec d’autres acteurs, permet d’appréhender comment, à un niveau global, une telle activité s’inscrit dans la durée, façonne le territoire, et caractérise de nombreux enjeux géopolitiques. C’est ce que nous allons voir dans cet exposé en apportant une attention particulière aux trajectoires et aux motivations des producteurs de cannabis (hommes et femmes).