La troisième voie. La justice pénale face à ses dilemmes

Laura Aubert, stagiaire postdoctorale au CICC pour l'année 2008, est titulaire d’un doctorat de sociologie de l’Université Victor Segalen Bordeaux 2. Sa thèse, qui porte sur le recours aux alternatives aux poursuites pénales dans les juridictions françaises de Bobigny et de Bordeaux, a obtenu une mention spéciale du jury du Prix Gabriel Tarde de l’Association Française de Criminologie.

Mardi 25 mars 2008
11h45 à 13h00
CICC, 3150, rue Jean-Brillant, local C-4141

Résumé de la conférence : Depuis la fin des années 1980, les alternatives aux poursuites pénales inaugurent une troisième possibilité pour les magistrats du parquet français dans l’orientation des contentieux pénaux, à côté du classement sans suite et des poursuites. D’emblée, une double finalité est attachée à cette “troisième voie” en réponse aux deux dimensions de la crise pénale : en créant ce dispositif, les parquets ont cherché des solutions à l’engorgement de la justice pénale et à l’inefficience de ses réponses dans le traitement de la délinquance. Ils ont donc tenté de combiner la gestion des flux pénaux avec l’amélioration de leurs interventions. C’est la tension entre ces deux finalités que Laura Aubert a analysée dans le cadre de sa thèse. Reposant sur une enquête de terrain menée dans les juridictions de Bobigny et de Bordeaux, cette recherche sociologique montre l’hétérogénéité des pratiques alternatives de ces deux parquets, tenant principalement aux contraintes locales. Malgré tout, l’évolution consacrée par ce dispositif traduit moins une rénovation des réponses apportées par la justice pénale que l’extension de son domaine d’intervention. Face à des sollicitations sans cesse plus nombreuses, la justice pénale est confrontée à un dilemme : elle est écartelée entre le souci de préserver la spécificité de sa fonction et la nécessité de s’adapter aux évolutions de la société.