Conférence

5 avril 2006 - 11h45 à 13h00

Requiem pour la guerre contre les drogues : l'expérience de décriminalisation européenne et portugaise

Candido Da Agra
Directeur de l'École de criminologie de l'Université de Porto (Portugal)
Professeur, Faculté de droit
Université de Porto
Portugal

Chercheur invité au CICC par l'unité de recherche Drogues, politiques et interventions.

Conférence présentée le 5 avril 2006
11h45 À 13h
Université de Montréal 
3150, rue Jean-Brillant
Pavillon Lionel-Groulx
Salle C-4141

Revue de presse

Le Portugal à l'avant-garde dans la tolérance à la drogue

Cocaïne, héroïne, ecstasy, cannabis, crack : quiconque possède et fait l'usage d'une drogue est passible d'un simple constat d'infraction, semblable à une contravention de stationnement, au Portugal.

Depuis cinq ans (2001), consommer de la drogue n'est plus un crime au Portugal. Cocaïne, héroïne, ecstasy, cannabis, crack : quiconque possède et fait l'usage d'une drogue est passible d'un simple constat d'infraction, semblable à une contravention de stationnement.

Cette mesure fait du Portugal l'un des pays les plus libéraux d'Europe en matière de drogues, a expliqué hier le directeur de l'École de criminologie de l'Université de Porto, Candido Da Agra, en conférence à l'Université de Montréal. « Ça a été difficile pour le Portugal d'aller de l'avant avec une telle loi. Même aux Pays-Bas, la drogue est illégale, mais tolérée. Il y avait des pressions de la part de la Grande-Bretagne et les États-Unis pour que l'on abandonne le projet. Les gens nous accusaient de baisser les bras, et prédisaient que tous les drogués d'Europe viendraient vivre au Portugal. »

Or les toutes dernières statistiques indiquent que le pays n'est pas devenu le paradis des « paradis artificiels », souligne M. Da Agra, qui a été membre de la commission chargée par le gouvernement portugais de décriminaliser les drogues. « On remarque une légère baisse dans la consommation d'héroïne et une hausse de la consommation de cannabis. Cela dit, cette tendance était perceptible avant l'entrée en vigueur de la loi, et beaucoup de pays européens vivent la même chose. » Des études plus poussées sont en cours afin d'apprécier avec plus d'exactitude les changements dans le comportement des consommateurs.

Les tribunaux moins engorgés

Au plan administratif, l'un des effets notables de cette mesure a été de réduire l'engorgement des tribunaux. « Depuis 2001, les toxicomanes ne passent plus devant le juge. Le nombre de délits liés à la drogue a chuté de 50 %, alors qu'il était en constante augmentation depuis 1993. »

Un des résultats plus mitigés de la nouvelle loi a été la baisse du nombre de trafiquants traduits en justice. En 2000, environ 2000 trafiquants ont comparu devant les juges portugais, alors qu'ils n'étaient plus que 1500 en 2004. « Il y a un trou dans la loi : aucune quantité n'est mentionnée. Il est donc possible que les policiers aient plus de difficulté à monter une preuve contre un trafiquant », avance M. Da Agra.

Selon lui, les exemples des pays qui décriminalisent la possession de drogue vont peu à peu convaincre les pays prohibitionnistes de modifier leur approche. Comme solution de rechange à la ligne dure à l'américaine, M. Da Agra propose un nouvel « art de vivre » qui inclut l'usage des drogues de façon responsable et modérée. Sur ce point, les moeurs sociales évoluent lentement mais sûrement, dit-il.

« Quand j'étais jeune, le vin rouge était la boisson des ivrognes. Aujourd'hui, c'est devenu un produit très raffiné. La même chose s'est produite avec l'huile d'olive, que les gens avaient en horreur quand j'étais petit. Je crois que le même phénomène va se produire avec les drogues. »

Ce n'est pas la première fois que le Portugal fait les choses différemment en matière de drogues : le pays a été le premier à instaurer des programmes de substitution à la méthadone... il y a 30 ans. « À l'époque, les chercheurs disaient qu'on était fous. La méthode en vogue était de traiter les consommateurs de drogues fortes avec la psychanalyse. Aujourd'hui, plus personne ne penserait à faire ça. Tout le monde utilise la méthadone. »

Nicolas Bérubé
La Presse

Drugs and Crime Deviant Pathways

Serge Brochu, Candido Da Agra et Marie-Marthe Cousineau (2002), Drugs and Crime Deviant Pathways, Londres : Asghate.

deviant_pathways.jpg (petite - 300 x 200 free)This key work exposes international studies from leading social sciences researchers who use various theoretical perspectives and methodological orientations to depict deviant drug and crime-related pathways. The chapters have been grouped into four sections. The first section, Deviance, Set and Setting, discusses a new basis for the understanding of deviant pathways. The second section, Youth, Drug and Delinquency Pathways, presents empirical studies which help to understand the drug-crime relationship. The third section discusses Adult, Drug and Crime Pathways adopted by drug users, "flexers", traders or dealers, and traffickers. Finally, the fourth section, Ways Out of deviant pathways, explores approaches for controlling drug use and criminality socially or individually, with or without legal intervention or formal help. In short, this book presents an invaluable overview of the most advanced research in the field of deviant drug-and crime-related pathways.

Événements

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